jeudi 24 décembre 2009

Qi gong, Karaté et Tao

Qu'est-ce que le Qi gong ?

Dixit Wikipédia:
"Le qi gong, chi gong ou chi kung (litt. : « travail du souffle ») est une pratique méditative chinoise, composée de mouvements physiques lents et d'exercices respiratoires, visant à améliorer la circulation du Qi et la santé du pratiquant. Le qi gong est rattaché à la médecine traditionnelle chinoise et à la tradition taoïste."

La vidéo qui vous est présentée ci-dessous à gauche est extraite du site de l'
"Association Yi Quan des Yvelines" et présente des élèves de ce club en train de commencer une séance de Qi gong par des exercices de détente et d'ondulation.
La vidéo à droite montre M. Franck Léger dans un exercice de relaxation des bras préparant au Mawashido: vous ne pourrez que faire le lien entre les deux.




De fait, d'autres parentés apparaissent entre ces sites comme la présentation du Zhang Zhuang (posture de base pour pratiquer le Qi gong) et le positionnement du bassin et la posture de base pour le Mawashido.

Ces rapprochements qui apparaissent entre le Qi gong et le Mawashido (tout en laissant à chacun ses spécificités) permettent de faire le pont entre le karaté et la tradition taoïste.
Or, s'il est vrai qu'aujourd'hui l'approche sportive ou ludique du karaté en a effacé pour une bonne part, le cadre philosophique et spirituel dans lequel il est apparu, cela ne s'applique pas
(encore) autant aux arts de combat chinois (wushu) ou au Qi gong. A ce titre, un site de club comme celui qui vous est indiqué ici ne peut pas aborder la présentation de son activité sans un dossier sur la vision chinoise de l'homme (page que je vous recommande de lire car présentant de façon simple et claire la conception taoïste de l'homme et du corps) et qui aborde par exemple le concept du Qi (en japonais, Ki) tout aussi commun à un karatéka qu'a un adepte du Qi gong. Il en va de même pour le hara qui reste pour la plupart d'entre nous une vague zone sous le nombril qu'il faudrait sentir et que, faute de mieux on identifiera au bassin.

Approfondir la pensée taoïste permet d'éclairer autrement ou de redécouvrir la plupart des enseignements du karaté, non plus en tant que sport uniquement mais en tant que pratique psychocorporelle visant au développement d'un équilibre intérieur. C'est ce que nous verrons dans les articles à suivre.

dimanche 20 décembre 2009

Mawashido ou l'art des courbes

Désolé pour ce long silence, mais mes dernières recherches ont profondément fait évoluer mon approche du karatédo et il faut du temps pour intégrer tout ce nouvel enseignement. Maintenant que je commence à digérer tout cela, je reviens vers vous pour vous le faire partager. Et je pense que votre patience ne sera pas déçue car il y a plus d'un cadeau dans ma hotte...

Alors, en premier lieu, je vous invite à aller visiter le site de M. Franck Léger et sa présentation du mawashido (ou art des courbes), du travail du hara et autres gardes dynamiques.




Comme l'indique M. Léger lui-même: "Le MAWASHI-RYU KARATE-DO a pour origine le Karaté Shotokan de Maître Gichin Funakoshi. Son objectif est de fournir au pratiquant des explications et des outils techniques lui permettant de progresser dans son art.
Il ne s'agit pas d'un nouveau style, c'est plutôt le complément pédagogique permettant aussi bien au professeur qu'à l'élève d'organiser cours et entraînement en solitaire.
"
Et si vous abordez en effet les enseignements présentés de cette manière, les principes de dynamiques corporelles qui sont explicités sur ce site vont vraisemblablement éclairer votre pratique du karaté. Pour ma part, j'ai découvert en pratiquant quelques exercices de mawashido devant ma glace une fluidité et une facilité dans mes gestes que je ne connaissais pas jusque là.
Le site est très fourni (préparation physique, tactiques de combat, techniques, pédagogie,...) et il y a de quoi y rester plusieurs heures. Vous accrocherez sûrement plus sur certaines explications que sur d'autres. A vous d'aller y piocher ce qui vous intéresse. Je vous conseille quand même les vidéos pour l'approche globale qu'elles donnent du karaté à travers le mawashido et les
webcams qui détaillent chacun des exercices permettant de développer la perception du hara.

Pour résumé, ce site présente au moins trois grands intérêts:
  • la présentation des dynamiques corporelles et leur emploi dans les techniques du karaté,
  • les exercices permettant de sentir le hara et d'en faire l'origine de toute technique,
  • le lien, même s'il n'est pas forcément dit, entre le karaté et les arts de combat interne chinois (comme le tai chi chuan) et plus globalement une approche qui permet de relier les techniques du karaté à la vision taoïste de l'homme et du corps humain. (J'aborderai ce point dans l'article suivant.)
Alors, je vous invite à visiter ce site. A consommer sans modération.

Ren's



dimanche 4 octobre 2009

Du nouveau sur le blog "Le Do dans le Karaté"


Deux nouveautés sur le blog
  1. Vous êtes nombreux à visiter ce site depuis des pays non francophones et vous serez peut-être intéressés à en parler autour de vous à des amis qui ne parlent pas français; aussi vous trouverez en haut de la colonne de droite l'application Google "Traduction" permettant la lecture du blog entier dans 57 langues différentes: n'hésitez plus à en parler autour de vous...
  2. Vous avez des questions à me poser, des précisions sur certains articles (notamment sur les exercices de respiration), vous pouvez m'écrire à présent via le lien "Pour me contacter" sur la colonne de droite juste en-dessous du bloc "sommaire/recherche/traduction".
A bientôt,

Ren's

lundi 28 septembre 2009

L'art d'apprivoiser le buffle


"L'art d'apprivoiser le buffle" est une parabole des étapes de l'éveil dans la culture zen. Chacune de ces étapes est symbolisée par un tableau. Il y a en tout dix tableaux accessibles par ce lien
qui vous présente la version donnée par un grand maître zen du XIIème siècle, Kakouan. (Ce document est issue du site de M. Jean-Yves Leloup.)
Outre le fait que cette lecture peut être un élément supplémentaire pour aider chacun dans sa démarche spirituelle, "l'art d'apprivoiser le buffle" peut apporter un regard nouveau sur les notions de grade dans le Karaté et donner du sens spirituel à ces derniers. On peut chercher un lien entre les dix tableaux et le sens des dan, et également sur la symbolique du retour à la ceinture blanche qui est porté à partir du 5ème dan dans certaines écoles de karaté. Je cite ci-après une version de l'histoire du karaté (Il y en a tellement...) issue d'un site de karaté du courant kyokushin:
"Dans l’histoire du karaté, il n’y avait, au tout début, que des ceintures de couleur blanche. Le maître interdisait à ses élèves de laver leur ceinture. À force d’être portée, elle devenait de plus en plus foncée et ce, jusqu’à devenir noire. À ce stade, l’élève passait un test équivalent aujourd’hui à l’examen de passage de ceinture noire. Après un passage réussi, le maître permettait à l’élève de laver sa ceinture, qui redevenait blanche. Ainsi l’élève revenait aux sources. Il retrouvait une nouvelle pureté, un nouveau potentiel pour apprendre d’autres principes du karaté."
Au delà des querelles de chapelle, chacun des courants du karaté essaie d'exprimer l'esprit du karatédo. C'est ce qui les réunit fondamentalement et la lecture de
"L'art d'apprivoiser le buffle" vous aidera peut-être à ressentir un peu plus le Do dans le karaté.

Bonne lecture.

mercredi 16 septembre 2009

La pédagogie de la répétition



L'enseignement au karaté s'appuie pour une grande part sur la répétition inlassable des techniques.
Cette pédagogie de la répétition se retrouve dans tous les arts martiaux bushido. Elle incarne en soi l'esprit du Do. Le maître zen Shunryu Suzuki (photo ci-dessus) consacre un article entier à la répétition: "Si vous perdez l'esprit de répétition, cela deviendra difficile." et de rajouter : "La vraie pratique consiste à recommencer sans cesse jusqu'à ce que nous ayons trouvé (...). Notre voie consiste simplement à pratiquer (...)."
Cette répétition peut user la motivation surtout lorsqu'on ne perçoit aucune avancée personnelle. M. Herrigel décrit ce moment où le désir même d'apprendre s'étiole: "Plusieurs semaines s'écoulèrent sans que j'eusse marqué le moindre progrès. Je constatai par contre que cela ne me touchait aucunement. L'art tout entier m'était-il donc devenu indifférent? L'apprendre ou ne pas l'apprendre, découvrir ou ne pas découvrir ce que le Maître entend par ce "quelque chose", trouver ou ne pas trouver l'accès du Zen, tout cela me faisait subitement l'effet de s'être éloigné de moi, de m'être devenu si indiférrent que je ne m'y attardais plus. Je me proposai plus d'une fois de m'en ouvrir au Maître mais dès que je me trouvais devant lui, je perdais tout courage; j'étais persuadé que l'unique réponse que j'obtiendrai de lui serait cette objection ressassée: "N'interrogez pas, entraînez-vous!". Je renonçais donc à l'interroger et, si le Maître ne m'eût retenu d'une emprise aussi inexorable, j'eusse volontiers aussi renoncé aux exercices. Atone, je passais d'un jour à l'autre, exécutant tant bien que mal ma tâche professionnelle et je ne m'affectais même plus de constater mon indifférence devant tout ce à quoi durant des années je m'étais donné avec persévérance."

Ce point fait apparaître l'unicité entre les arts martiaux et le travail spirituel dans le Do car pratiquer un art martial est en soi une activité qui développe "l'esprit juste", sans idée d'acquisition, appliqué dans l'instant présent.
"Nous disons que votre pratique devrait être sans esprit d'acquisition, sans aucune attente, même celle de l'illumination." explique Maître Suzuki." Quand vous abandonnez, quand vous avez cessé de vouloir quelque chose, ou que vous n'essayez pas de faire quelque chose de spécial, alors vous faites quelque chose. Lorsque votre activité ne comporte pas l'idée d'acquisition, alors vous faites quelque chose. (...) Si vous continuez chaque jour cette pratique, vous obtiendrez une puissance merveilleuse. (...) Il suffit d'être sincère et de donner tout son effort à chaque instant."
Ainsi la répétition est un double outil pédagogique qui permet d'acquérir la technique juste par imitation du geste du maître et l'esprit juste. La volonté s'émousse et perd sa motivation dans la répétition pour se délier petit à petit de l'idée d'acquisition. C'est un travail lent, imperceptible, qui se révèle dans la durée.

En ce début d'année scolaire, je vous souhaite une très belle reprise dans vos cours de karaté et vous laisse avec les encouragements du maître Suzuki:
"Dans le brouillard, vous ne savez pas que vous commencez à être mouillé, mais, tout en marchant, vous êtes peu à peu mouillé. Si vous avez à l'esprit des idées de progrès, vous direz peut-être: "Oh, cette allure est insupportable!" En fait, elle ne l'est pas. Quand vous êtes mouillé par le brouillard, il est très difficile de se sécher. Inutile, donc, de vous inquiéter du progrès."

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